50 ans de guerre

C’est parti, encore un méga classique, cette fois du duo Cauvin et Lambil, une très longue série qui continue de paraître à raison d’un tome par an (62 tomes) depuis 1968.
Les Tuniques Bleues racontent les aventures du Sergent Chesterfield et du Caporal Blutch pendant la guerre de Sécession. Le premier est un patriote qui rêve de mourir pour sa patrie alors que l’autre est un humaniste qui déteste la guerre et dont les passions sont la mutinerie et son cheval Arabesque. Bizarrement l’alchimie entre les 2 personnages fonctionnent parfaitement.
Une œuvre qui aborde des thèmes variés et matures
Les aventures des Tuniques Bleues sont variées et couvrent une partie de l’histoire américaine du 19ème siècle. Certains thèmes sont vraiment intéressants comme le traitement des noirs ou des femmes pendant la guerre.

La BD est parfois cynique, surtout quand elle montre les officiers pour qui la vie humaine n’a pas de valeur face à l’espoir d’une victoire. L’Etat-major est souvent représenté tranquillement à l’abri en train de manger ou boire tout en débattant des futures stratégies plus ou moins suicidaires pour les troupes. Ce cynisme est poussé à son paroxysme avec la cavalerie, qui après chaque charge est anéantie, les seuls survivants étant Stark, le Capitaine de la 22ème de Cavalerie et nos 2 héros.

Une pincée de réalisme
C’est d’ailleurs le tour de force de cette série, réussir à mêler comédie et drame. C’est assez surprenant qu’une BD destinée aux enfants (prépubliée dans Spirou), dépeigne aussi froidement les champs de bataille, le tout sans omettre les blessés et les morts. Derrière cette représentation macabre, la série reste profondément humaniste, et se force à nous montrer toute la bêtise de la guerre en mettant en scène nos 2 héros qui sont paradoxalement au cœur du récit mais étrangement en retrait de leur propre monde. Comme des spectateurs ou plutôt des marionnettes conscientes, ils subissent les décisions et actions des autres personnages, et ne peuvent malheureusement que constater la bêtise de leur monde, sans vraiment pouvoir agir.
Les dessins sont assez classiques pour de la Franco-belge, c’est lisible et clair. Fait étonnant, seul les 2 personnages principaux sont dessinés avec des « gros nez », style en général plus adapté à la BD pour enfant. Cette particularité est héritée du dessin de Salvérius, dessinateur des premiers tomes, et du choix des auteurs d’atténuer la représentation comique des personnages vu l’aspect dramatique de la série tout en gardant le design des 2 héros.

On est rarement déçu à la lecture d’un album, même s’il faut l’avouer qu’un certain schéma à une forte tendance à se répéter :
Blutch déserte, Chesterfield le retrouve, Blutch va être fusillé, on lui propose une mission suicide, Chesterfield le suit car il a peur que Blutch en profite pour ne jamais revenir, ils réussissent la mission, et enfin il y a une bataille avec pleins de morts.

Malgré tout, certains albums sortent clairement du lot, et je prends toujours autant de plaisir à lire les aventures de ces 2 soldats. J’achète chaque année le nouveau tome, et écume les vides greniers pour compléter ma collection. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié le dernier tome « Sallie ». Globalement les Tuniques Bleues est une très bonne série qui a sa place dans nos bibliothèques !

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